RDC : le Président Tshisekedi doit « briser le mythe de la malédiction »

 [br] Les conflits intercommunautaires à Minembwe. Le carnage à Beni. Les Kulunas à Kinshasa. Ebola çà et là. La famine rôde partout. Le Congo a toujours vécu des situations traumatisantes. D’abord. L’esclavagisme l’a dépouillé de son capital humain. Ensuite. Léopold II, glouton du calibre incomparable, s’empara de ses immenses ressources sans contrepartie. Puis. Le gouvernement belge. Or, jeudi 30 juin, le soleil de l’espoir illumine le Congo. Mais, il ternit aussitôt. L’ombrage des multinationales offusque ses éclats. L’occident change de fusil d’épaule. Il finance le terrorisme pour contrôler de vastes terrains. « Les richesses minières sont une source des malédictions », dit-on souvent.

Donc, l’ennemie est ailleurs. Non. Il est dans nos murs. L’ennemi, c’est l’homme congolais. Il attise la malédiction sur tout. Montagnes. Plaines. Animaux. Cours d’eaux. Tout est affecté. Cet ennemi du Congo dort dans de draps propres. Il roule en limousine et ses enfants mangent autant de fois qu’ils veulent. Il signe des contrats léonins et mafieux avec des sociétés écrans. Il saigne les caisses de l’Etat. Il s’offre un budget conséquent. Il broute là où il est attaché. C’est cette chèvre aux dents de vampire qui attise la malédiction sur le Congo.

Le discours sur l’état de la nation est plein d’engagement. Le peuple attend le paradis promis. Quelques jours plus tôt, le parlement votait le budget du pays. Le président Tshisekedi doit se détacher des « brouteurs sur place ». Sinon, sa vision restera à la phase des intentions. Selon Van Reybrouck, en 2007, 1,7 milliard de dollars ont disparu dans les poches des neuf institutions publiques. Or, c’était presque le quart du budget de l’Etat. En 2008, la Gecamine n’a contribué qu’à la hauteur de 92 millions de dollars sur les 450 attendus. La Miba n’avait rien apporté au trésor public. En 2004, le budget annuel de chaque vice-président dépassait de 100%. Celui de Jean Pierre Bemba de 600%. Selon le département fédéral des finances norvégien, tout récemment, en 2017, la plupart de cabinets ministériels congolais avaient consommé, dans deux mois, la totalité de leur budget annuel et même plus. Le Conseil de ministre est allé jusqu’à 190%.

Jean-Claude Willame note qu’une pléthore de fonctionnaires est engagée par népotisme. Ils se disputent les clients à la longueur des journées. Certains exigent de montants inférieurs  à  ceux  fixés  par  l’Etat  en  échange  de  documents  officiels.  D’autres  exigent  des montants supérieurs et ne donnent aucun reçu. Ceux qui délivrent le reçu, le montant mentionné reste de très loin inférieur à celui que les clients ont versé. Dans l’armée,  les  avions  militaires  déplacent  des  passagers  clandestins.  Les  officiers  navigants proposent de prix inférieurs à celui de l’aviation civile. Ne trouvant pas leur compte dans cette affaire, les pilotes commencent, eux aussi, à vendre les pièces de rechange des avions.

Dans le domaine de l’éducation, les mêmes magouilles sont en vogue. Des écoles imaginaires ayant un personnel fictif grouillent dans toutes les provinces. Ainsi, près de la moitié du budget alloué à  l’éducation  est  ainsi  dilapidé.  Ces  sommes  colossales  finissent  dans  les  poches  des « brouteurs sur place ».

Vigilance. Crac. Le mythe de la malédiction est brisé !


UviraOnline: Yves Malipo Kabiona