Tribune- Gouvernement Ngwabidje :  un œil au Burundi pour plus d’efficacité

Yves Malipo Kabiona

Yves Malipo Kabiona est Communicateur du PPRD/Burundi et Secrétaire exécutif adjoint du FCC/Burundi. Il livre ses suggestions sur la nécessité d’intégrer la diaspora au nouveau Gouvernement Ngwabidje pour quatre raisons : équilibre géopolitique, enjeux sécuritaires sous-régionaux, poids démographique des congolais du Burundi et loyaux services rendus le FCC/Burundi à la plateforme.

 Le Gouverneur de la province du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje, a officiellement pris ses fonctions ce jeudi 9 mai 2019. Je lui souhaite un fructueux mandat durant tout son séjour à la tête de notre Province. Comme à l’accoutumée, il a un temps limité pour mettre en place une équipe ministérielle composée d’au moins dix membres. C’est à ce niveau que l’avenir, la réussite ou l’échec, se joue. En tant que Camarade du FCC, je propose au gouverneur d’inclure la diaspora du Burundi pour des raisons ci-après :

  • Le respect de l’équilibre géopolitique

Malheureusement, en RDC, la géopolitique consiste à gérer des situations à l’aune des ethnies. Les critiques ainsi que les appréciations sont souvent faites au prisme de l’ethnisme. Ce qui, en réalité, impacte malencontreusement l’essence même de notre démocratie. C’est cette prise en otage de l’administration par des forces ethno-politique qui met le pays à genou. Pour y remédier, les affectations devraient tenir compte à la fois de la représentativité territoriale, et non ethnique, ainsi que du poids politique des partenaires (FCC-CACH).

En effet, huit ministères doivent être confiés à chacun des huit territoires de la Province du Sud-Kivu. Le neuvième reviendra de droit à la ville de Bukavu. Et, le dixième à la diaspora congolaise du Burundi. Cette arithmétique, je le crois bien, est de nature à satisfaire les attentes et les ambitions de chaque entité territoriale. A mon avis, la cohésion sociale de notre province en dépend. L’opinion est sans ignorer qu’un groupe de jeunes, il y a quelques mois, est monté au créneau pour demander le démembrement de la Province à travers le M14/Dynamique Elila. Ces échos sont encore frais dans les esprits et le mouvement peut prendre une autre tournure si les frustrés ne cessent d’augmenter. Cette justice distributive se justifie également par la fine connaissance, pour la diaspora du Burundi, de la situation politico-sécuritaire de la sous-région.

  • La maîtrise des enjeux géopolitiques sous-régionaux

Le Chef de l’Etat a, dans son discours d’investiture, placé la sécurité ainsi que le social au centre de ses priorités. Aussi ne cesse-t-il de le répéter çà et là et du jour au lendemain. Pour matérialiser cette vision, il s’implique davantage, ce que j’apprécie d’ailleurs, à renforcer les relations avec les Etats voisins. Entre-temps, les territoires de Fizi et Uvira ont servi de déversoir de vague de réfugiés burundais qui ont fui la crise de 2015. A côté de ces derniers, d’autres, armes sur les épaules, se sont installés sur les hauteurs du mont Mitumba d’où ils continuent à semer la désolation. Ne pas inclure le Burundi dans le processus de stabilisation du Sud-Kivu serait une erreur monumentale.

En plus, le Sud-Kivu est devenu une scène où se joue plusieurs théâtres de guerres civiles et fratricides. Les villages entiers sont incendiés, des bétails tués, des champs dévastés et les activités champêtres, pastorales et commerciales perturbées. Ce qui freine tout élan de développement. Pourtant, d’après l’étude menée en 2011 par un collectif d’ONG dont ADEPAE et Arche d’Alliance, intitulée « Au-delà des groupes armés : conflits locaux et connexion sous-régionale. L’exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », la plupart des conflits s’appuient sur des alliances extérieures, notamment sur des mutualités tribales à Bujumbura. Effectivement, dix-huit mutualités tribales sont à l’œuvre au Burundi. La plupart sont d’ailleurs membres du FCC/Burundi. Celles qui n’y sont pas en tant structure, les notables issus de leurs rangs n’ont pas hésité d’adhérer au programme du FCC.

Au vu de ce qui précède, le FCC/Burundi serait honoré d’occuper le ministère de l’intérieur et de la sécurité. Il a, dans ses rangs, des hommes et des femmes capables de relever efficacement ce défi. Un autre avantage du FCC/Burundi est lié au poids démographique des congolais du Burundi.

PPRD FCC Bujumbura burundi
  • La représentativité des milliers de compatriotes

Le recensement général de la population burundaise de 2008 montrait que les étrangers sont estimés à plus de 100.000. Les congolais représentaient 56%. Onze ans après, au rythme de la progression annuelle de 5%, ce chiffre a probablement doublé. Chaque jour, des familles émigrent au Burundi à la recherche des conditions de vie acceptables. Il suffit d’observer le flux à la frontière de Kavimvira pour s’en rendre compte. Ce sont, en plus, ces centaines de milliers de congolais vivant au Burundi qui gonflent l’électorat de la circonscription électorale d’Uvira et de Fizi. Il est impossible de décevoir cette diaspora numériquement puissante sans susciter des frustrations. Enfin, la constance, le dynamisme et la fidélité des animateurs du FCC/Burundi est un autre atout majeur.

  • La constance, le dynamisme et la fidélité des animateurs du FCC/Burundi

Pendant que certains coins du Sud-Kivu étaient totalement acquis à l’opposition, le Burundi est resté le fief de la Majorité. Le FCC s’est constitué autour de deux grandes formations politiques (PPRD et AFDC), du collectif des étudiants, des mutualités tribales et des notables. La popularité du Président de la République Honoraire Joseph Kabila Kabange est restée sans faille et, c’est jusqu’à ce jour. D’ailleurs, les quelques voix glanées à Uvira par le candidat du FCC, Son Excellence Emmanuel Ramazani Shadary, sont celles qui ont été mobilisées au Burundi. Ce travail de titan battu avec les moyens de bord prouve à suffisance la volonté des animateurs du FCC/Burundi à servir réellement les causes de la population et de la plateforme.


UviraOnline: Yves Malipo