Le Gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje, a rendu obligatoire le port de cache-nez dans sa juridiction. C’est une première. Même la ville de Kinshasa, épicentre du virus, n’en est pas là. La province voisine du Nord-Kivu ainsi que le Haut-Katanga, plus frappés que le Sud-Kivu, prennent aussi des mesures préventives. Au moins, elles sont adaptées aux réalités socio-économiques locales. La décision du Gouverneur du Sud-Kivu, aussi inopportune qu’inutile, s’apparente à une alarme publicitaire. Depuis un temps, je suis en train de mettre en garde contre toute exploitation du covid-19 à des fins personnelles. En RDC, beaucoup de charognards vivent des cadavres. Chaque cas positif, réel ou imaginaire, de C-19 attire des financements supplémentaires. Les mêmes méthodes ont été utilisées par l’ancien ministre de la santé, Oly Ilunga, qui est en prison en ce moment.
En plus, le Sud-Kivu est l’une des provinces les plus pauvres de la RDC. L’exigence de ces serviettes (Cache-nez) est absolument inacceptable. Elles sont à usage unique et changeables trois fois par jour. Or, une pièce coûte 1000 fcs; Ainsi, une famille de six personnes dépenserait 18.000fcs (10$) par jour. Quelle incohérence! Plus de 90% de ménages vivent de moins d’un dollars par jour. Le risque est grand. Certains, faute de pouvoir acquérir une nouvelle pièce, se contenteront de garder leur cache-nez le plus longtemps possible à leur risque et péril. D’autres achèteront des pièces de seconde main. Plus grave encore, les femmes ne s’empêcheront pas d’utiliser les morceaux de pagne pour tromper la vigilance de force de l’ordre. Ce n’est pas tout. Etant donné que le politique rassure quant à l’usage de cache-nez, beaucoup d’enficheront royalement des mesures d’hygiène décrétées par l’OMS. Ainsi, le gouverneur favorise la propagation du virus. Le tire peut être rectifié. La province peut acheter les cache-nez et les distribuer régulièrement à la population. Le contraire est suicidaire. Ce n’est pas l’argent qui manque.
Yves Malipo Kabiona