Chronique: NOUS, LE PEUPLE

Qui aurait cru qu’en 1960, quelques “30 diplômés” congolais allaient réussir à demander l’indépendance et le départ immédiat des tous les Belges. Selon le journal New York Times du 1er juillet 1960,  les Congolais qui avaient constitués le “Nous, le peuple” de ce temps là, étaient 13,600,000 personnes (à peu près 200 tribus avec au moins 400 dialectes) dont “moins pouvaient lire ou écrire, avec seulement 16 universitaires ou gradués du collège, sans docteurs, sans ingénieurs, sans avocats, et sans officiers dans l’armée coloniale de plus de 25 mille  troupes. Aujourd’hui, on peut vraiment se demander si le plus de 60 millions de Congolais (des estimations d’ailleurs) qui constituent le nouveau “Nous, Le Peuple”, ,comprennent ce que c’est ces trois mots signifient?   

Quand Joseph Kabila a pris le pouvoir en 2001, le Congo/Zaïre comptait près de 19 100 écoles primaires, près de 8 mille écoles secondaires et plus de 326 établissements de l’enseignement supérieur et universitaire. Quand la présente constitution était promulguée en 2016, “Nous, Le Peuple” , c’est à-dire les 60 millions reconnaissaient être “conscient de nos responsabilités devant Dieu, la Nation, l’Afrique et le Monde” (voir préambule)  d’adopter une constitution où il prêtait ses pouvoirs au président de la république qu’il ne pouvait pas contrôler ni limoger ni demander de comptes.  Comparer aux 30 diplômés de 1960, le Congo actuel compte de millions des universitaires et pire (sans questionner la “sagesse” des ruraux), ces derniers n’ont pas prévue des dispositions de contrôler leur “employé”. J’ai parcouru la constitution et je n’ai pas lu un article qui démontre que le peuple peut déposer le président ou a même le droit de lui demander de quitter le pouvoir, avec ou sans élection. Je m’explique.

Si nous considérons le Congo comme une “démocratie”, ça veut dire que le pouvoir que possède Joseph Kabila et son gouvernment émane du peuple, cela veut dire que le peuple est souverain, cela veut dire que seul le peuple est le seul agent du changement de la constitution (article 5) Curieusement, l’article 62 stipule que “Nul n’est censé ignorer la loi”. La loi dit aux articles 91 et 100 que le gouvernement est responsable devant le pouvoir législatif exercé par l’assemblée nationale et le sénat.  Alors que l’article 71 reconnaisse que le président doit “remplir loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui lui sont confiées”, le même peuple qui lui confie ce mandat lui dit : “ a la fin de ton mandat, toi le président de la république, tu reste  en fonction jusqu’à l’installation officielle du nouveau président élu” (l’article 70). Et si les élections n’ont pas lieu comme il a déjà été le cas? Un peuple intelligent comprendra que ses deux articles sont en contradiction surtout lorsqu’on considère la mentalité de nos dirigeants africains: une fois au pouvoir, ils ne veulent plus quitter. Avec raison: le ministre Bitakwira nous l’a même rappeler, il sera difficile d’organiser les élections dans les conditions actuelles. Alors que selon les accords de Décembre 31, 2016 par le CENCO, Kabila a maintenant 5 mois restant  dans son troisième mandat, la CENI dit , le registre électoral compréhensif n’est pas prêt. Nos seulement ces deux arguments renforcent l’article 70 et l’entêtement du président a ne pas abandonner son poste mais aussi le peuple, à travers ses représentants à l’assemblée nationale et au Sénat, n’a pas le manoeuvre de lui faire partir parce que deux autres articles légitiment le président: d’abord l’article 76: le vacance dont il est question ici est soit l’incapacité permanente, la mort ou la démission et dans ce cas le président du sénat lui remplace. Ensuite, le parlement c’est à dire le peuple, contrôle seulement une institution , le gouvernement (selon les articles 91 et 100) parmi les quatre institutions énumérées à l’article 68. Le président reste au dessus de la mêlée, intouchable car il nomme le premier ministre et déloge tous les ministres quand il le veut (articles 78 et 79), il nomme 3 juges à la cour constitutionnelle (art. 158), suspend les juges ou les dépose (art. 82).

Ma conclusion est que “Nous le peuple” a non seulement mal compris sa propre constitution, ou il a été dupé par une petite élite des gens assoiffés par la culture de la corruption car;

  • Un peuple qui donne le pouvoir au président devrait être capable de lui retire s’il devient incontrôlable ou gourmand
  • Le peuple devrait être souverain dans le vrai sens du mot: si le mandat du président arrive à sa fin, le président du sénat prend le pouvoir jusqu’à l’élection du nouveau président. Donc réviser l’article 75 en y ajoutant “la fin du mandat du président, vacance occasionné par la mort, la démission or l’incapacité du président”,
  • Le peuple devrait être capable d’approuver les nominations du président par les voies de mérite de l’emploie/fonction pour lequel la personne est nommée.

Ainsi donc après près de 60 ans d’indépendance, le peuple devrait savoir si le modèle de gouvernement adopte fonctionne ou non….en moins qu’il soit lui même incapable, mal éduqué ou non informé ou indifférent de sa condition. “Nous le peuple” veut dire “Nous, le peuple”: un droit inaliénable. Un peuple qui ne comprend pas encore ce droit démocratique sera toujours voué à l’échec. Comme je l’avais dit dans mon premier  chronique, tout doit commencer au rural, à la base. Le pouvoir du peuple commence à la base.


John kapapi