Le budget d’investissement a été voté il y a peu. La Mairie d’Uvira ainsi que ses partenaires avaient réduit les besoins urgents de la ville à l’achat d’une camionnette anti-incendie et à la réhabilitation de la route mwami et de la route espoir.
J’en suis très estomaqué. A-t-on eu le temps d’analyser minutieusement les besoins réels de la population? J’ai sillonné partout. Le cœur de la ville, le faubourg. La misère rôde partout. Les espoirs se sont évaporés d’un cran. Les désespoirs déchirent les cœurs. Tout le monde grince des dents. Personne ne sait plus à quel saint se vouer tant toutes les lueurs d’espoir s’assombrissent. S’il faut paraphraser le Général Jansens : « pour le social, avant la ville = après la ville. »
A mon avis, les routes mwami et espoir peuvent être remblayées à titre provisoire. Les engins affectés à la réhabilitation de la RN5 peuvent bien effectuer ce travail aux moindres frais. Quant à la camionnette, je n’en vois pas l’utilité pour le moment. Depuis près de trente ans, Uvira n’a jamais réalisé dix incendies. La définition de ces projets montre à quel point la ville est prise en otage par des commerçants. Et, cela, en défaveur des masses populaires.
En réalité, le tout premier budget d’investissement devrait s’atteler aux urgences. Pour le cas présent, je n’en vois qu’une : « La canalisation de tous les ravins qui se creusent dans les montagnes qui surplombent la ville d’Uvira et leurs trajectoires (Caniveaux) » Ces ravins font des dégâts humains et matériels inouïs chaque année. Et, maintenant, c’est le lac Tanganyika qui menace de reprendre son lit. Encore une fois, le désordre urbanistique fait mal.
La ville d’Uvira est située à une très basse altitude. Elle est dans le fossé, prise en tenaille entre les montagnes de Mitumba et la crête Congo-Nil au Burundi. Cette image montre à suffisance que son degré de vulnérabilité face aux érosions est élevé. C’est ainsi que, à Kilomonie, plusieurs maisons se sont écroulées et des familles entières se sont retrouvées dans des tentes démontables. La même situation a été remarquée à Kakombe. Les avenues Kivu, Kitundu, Virunga, Shaba, Goma, Musulmane, Membo, Ubwari et Reboisement sont des réceptacles des quantités insupportables d’eaux dégagées par les montagnes. Les maisons s’écroulent à tout bout de champ. La plupart sont condamnés à vendre leurs parcelles précipitamment et à vil prix. Or, ce déracinement territorial marque aussi un déracinement identitaire devant provoquer une crise de la personnalité. A Kakungwe, les scènes macabres de grosses pierres qui pulvérisent les maisons sont légion.
UviraOnline: Yves Malipo Kabiona M