Notre Histoire : Dossier Mutarule
Pour la sauvegarde de notre mémoire, Uviraonline mène des investigations sur les faits qui ont jalonné l’histoire du territoire d’Uvira. En connaissance du passé, nous saurions mieux gérer les multiples enjeux du moment et prévoir certainement l’avenir. Dans cette édition, Mutarule vous sera conté.
Général Pacifique Masunzu, le « boucher » ?
Le procès des événements de Mutarule a commencé le 12 août 2016. Les audiences sont organisées tantôt à Uvira tantôt à Mutarule. Le Général Pacifique Masunzu ne figure pas sur la liste des prévenus. Pourtant, ses détracteurs souhaitent le voir devant la barre.
34 personnes ont été sauvagement fusillées, débitées ou calcinées à Mutarule le 6 juin 2014. Pendant que les victimes succombaient aux balles et armes blanches des bourreaux, le capitaine connu sous le sobriquet de Commando (autorité militaire en poste sur place) est intervenu pour réduire l’ampleur des crimes. Il y eut un échange de tir qui coûta la vie à « son » soldat appelé Kakule. A bout de forces, il dut baisser la garde sur ordre de son chef direct basé à Sange.
Dans la foulée des événements le 7 juin 2014, le Capitaine Commando aurait regretté au vu et au su de tous qu’il n’était pas suffisamment intervenu. Le Major Runyenyeri, son chef directe, le lui avait interdit. Pour preuve, révèlent nos sources, ce capitaine aurait exhibé un enregistrement de sa conversation avec ce major atypique. En principe, des téléphones mobiles de marque « Itel » conservent des sons après les échanges.
Le son entendu, témoignent encore nos sources, était celui d’un officier chagriné sollicitant du renfort à son supérieur. La réponse du Major Runyenyeri (originaire de la communauté Banyamulenge) fut ferme. Il avait intimé au capitaine Commando: « attend les ordres. Ne te mêle pas de ce qui ne te concerne pas » Lors du procès du jeudi 18 août 2016, le Major Runyenyeri a accepté le fait. Toutefois, il s’est dédouané et mis en cause le colonel Alias, commandant régiment basé à Luvungi. Celui-ci, un autre munyamulenge, aurait interdit au major Runyenyeri d’intervenir. Une journée plus tard, le colonel Alias sera assassiné par balle à Bukavu. La chaîne est coupée avant qu’il ne soit entendu par la justice.
Nos sources présument que c’est une diversion pour faire disparaitre un témoin gênant. Tout porte à croire que des militaires y sont pour quelque chose. Selon les mêmes informateurs crédibles, le général Pacifique Masunzu (commandant région à Bukavu) aurait ordonné cette expédition punitive pour venger le vol de ses bétails. Des rescapés qui étaient cloitrés dans la haie pour la prière sont unanimes. Ils disent que les tueurs scandaient en kinyarwanda « vous allez payer les vaches que vous avez volé » Pendant la journée du 6 juin 2016, les armes qui retentissaient à Tenge-Tenge opposaient les Maï-Maï aux éleveurs. Et pourtant, ce sont les vaches du général Pacifique Masunzu qui auraient été razziées. S’agit-il d’une simple coïncidence ? Non, rétorquent ses détracteurs.
La partie civile s’étonne encore que le vice-gouverneur Gabriel Kalonda Mbulu aurait déclaré depuis Bukavu que ce sont des voleurs de bétail qui ont été tués. Une autorité administrative provinciale devrait normalement s’informer auprès de l’autorité militaire provinciale. Ce dernier était, lors de passation de faits, le général Pacifique Masunzu. Celui-ci, conclut ses adversaires, devrait alors être auditionné par la justice.
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