Attendue chaque année, la liste des « 100 personnes les plus influentes » du magazine américain Time ne retient, dans sa dernière édition, que trois personnalités africaines, toutes membres de la société civile : le Congolais de Bukavu Denis Mukwege, l’Erythréen Mussie Zerai et la Gambienne Jaha Dukureh. Aucun chef d’Etat ou de gouvernement africain n’a été retenu par la rédaction de l’hebdomadaire. Les trois Africains de l’année se glissent aux côtés de la patronne du FMI Christine Lagarde, de l’acteur américain Leonardo Di Caprio, dupape François ou de la rappeuse Nicki Minaj, de Trinité-et-Tobago. L’éloge du président François Hollande a été écrit par le philosophe Bernard-Henri Lévy qui voit en lui « l’anti-Obama », n’hésitant pas à se mettre en première ligne sur la Syrie, l’Afrique ou la Russie.
[br] Denis Mukwege, dans la catégorie « Icônes »
Le gynécologue Denis Mukwege, 61 ans, connu pour son engagement en faveur des femmes victimes de viols en République démocratique du Congo, a déjà reçu le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit de l’Union européenne en 2014. Dans le texte qu’elle lui consacre, Jill Biden – épouse du vice-président américain – témoigne avec émotion de sa rencontre avec le médecin congolais : « Plus qu’un sauveur de tant de femmes et filles, le docteur Mukwege représente l’espoir. »
Mussie Zerai, dans la catégorie « Pionniers »
« Depuis plus d’une décennie, ce prêtre catholique a été une bouée de sauvetage pour des milliers de migrants en détresse [en mer Méditerranée] », résume l’artiste chinois Ai Weiwei, dans sa courte présentation de Mussie Zerai, 41 ans. Après avoir fui l’Erythrée, l’une des pires dictatures du continent, vers l’Italie, Zerai est devenu le défenseur de milliers de migrants, lesquels se transmettent son numéro de téléphone afin qu’il alerte pour eux les garde-côtes et navires de la marine italienne.
Jaha Dukureh, dans la catégorie « Leaders »
Militante contre l’excision, elle-même victime d’une mutilation génitale lorsqu’elle était enfant, Jaha Dukureh, 25 ans, a dû quitter sa Gambie natale pour mener son combat. Elle réside désormais à Atlanta (Géorgie), où elle a fondé l’ONG Safe Hands for Girls. « En s’élevant contre les mutilations génitales féminines, Jaha Dukureh a refusé de passer l’horreur sous silence », explique la journaliste américaine Peggy Orenstein, l’une des voix les plus respectées des Etats-Unis sur la sexualité féminine.
Publié par: Le Monde Afrique