Mise à jour le vendredi 5 juin 2015
Cet homme est-il Mbuyisa Makhubu, un héros de la lutte contre l’apartheid? Photo : CBC
Son incarcération depuis 2004 à Lindsay, au nord-est de Toronto, a coûté près de 1 million de dollars. Quant à la véritable identité de l’homme, qui subira une autre audience sur sa détention, vendredi, elle demeure un mystère.
Les membre de la famille de Mbuyisa Makhubu, un héros sud-africain, pensent qu’il s’agit de leur proche, disparu après les émeutes sanglantes à Soweto, en 1976.
La photo de M. Makhubu transportant dans ses bras le petit Hector Pieterson, abattu par la police, avait fait le tour du monde à l’époque, devenant un symbole de l’oppression du régime d’apartheid.
De son côté, le gouvernement sud-africain ne peut « confirmer ou infirmer » l’identité de l’homme mystérieux, expliquant que son enquête se poursuit.
Un test d’ADN a pourtant été mené en 2013, mais ses résultats n’ont pas été concluants. Un membre de la famille Makhubu a aussi mentionné en 2014 que l’homme détenu en Ontario avait une tache de naissance semblable à celle de son proche. Toutefois, les autorités n’ont pas voulu le confirmer à CBC/Radio-Canada.
L’homme en détention en Ontario est arrivé à Toronto en 1988 sous la fausse identité de Victor Vinnetou. Il a échoué ensuite à obtenir le statut de réfugié au Canada et a été emprisonné subséquemment, parce qu’il n’avait pas de papiers.
De leur côté, les membres de la famille de Mbuyisa Makhubu racontent que leur proche avait pris la fuite parce que les forces de l’ordre sud-africaines le pourchassaient, après que sa photo eut fait le tour du monde. Plusieurs le croyaient possiblement mort au Botswana ou au Nigeria, jusqu’à ce qu’un enquêteur de l’Agence des services frontaliers du Canada ne les contacte, il y a quelques années.
« Je pense qu’il a toujours peur [de la police sud-africaine] », croit la cousine de Mbuyisa Makhubu, Thoko Makhubu Diamini. Les autorités croient que l’homme en détention souffre de troubles mentaux.
Pourquoi continuer à le détenir?
Selon le consultant en immigration Macdonald Scott, la détention prolongée de l’homme mystérieux est incompréhensible. Il affirme que le Canada est « l’un des rares pays » à ne pas avoir une période de détention maximale.
Pour le moment, le Canada ne peut l’expulser en Afrique du Sud, étant donné que Pretoria ne lui a toujours pas fourni de papiers. Le détenu, lui, semble avoir refusé de collaborer avec les autorités, possiblement à cause de troubles mentaux, selon des documents au dossier.
L’Agence des services frontaliers a refusé de commenter l’affaire, tout comme l’homme mystérieux lui-même.
Source: Radio Canada