[br] Le 10 juin 1973, lettre du Maréchal Mobutu à son enfant, Jean-Paul Niwa.
Ce jour-là, Mobutu écrit une lettre à son fils bien-aimé Niwa qui fait ses études en Belgique et qui deviendra, quelques années après, Commissaire d’Etat à la Coopération. Cette lettre, devenue célèbre, ne fut seulement dévoilée au public que 25 ans plus tard, dans le documentaire “Mobutu, roi du Zaïre” du réalisateur belge Thierry Michel.
Voici le contenu de la lettre :
Fils bien aimé Jean-Paul,
Je crois que tu comprends maintenant les raisons de mes préoccupations ces jours derniers, avec ce qui s’est passé récemment. Tu es déjà à l’âge de comprendre certaines choses et même plus, surtout pour la vie de celui que tu as connu comme père et dont les premiers ennuis et soucis ne sont pas seulement d’ordre familial. Tes reproches au téléphone et tes inquiétudes dans les lettres sont évidemment bien fondées, mais il y a de ces choses de la vie dont tu ne peux comprendre la portée et les exigences de la vie comme celle que nous menons, j’entends par là cette vie politique, nous oblige parfois certains sacrifices énormes pour survivre toujours et toujours davantage. Je joins à cette lettre quelques clichés relatifs aux événements de la dernière conspiration et sur lesquels tu peux reconnaître et distinguer des personnes qui s’acharnent à la disparition de notre clan et surtout de cette œuvre que je compte laisser à travers l’histoire, autour de notre nom, ton nom, dont tu es l’unique et responsable dépositaire. Sache qu’ici-bas, au niveau où sommes arrivés, nous avons beaucoup plus d’ennemis que d’amis. Même ceux en qui j’avais confiance, et qui sont même proches de la famille dont tu n’ignores pas le comportement, nous trahissent soit directement, soit indirectement dans tous leurs agissements. Toute la haine dont des milliers de personnes nous portent, ils en sont en grande partie les générateurs. C’est pour cela que je t’avertis en espérant que l’âge que tu as maintenant et les événements que nous vivons te le feront comprendre, de rester très prudent dans tes contacts avec les membres proches du clan, ce qui se lit sur le visage n’est pas toujours le reflet de ce qui se passe dans le cœur. Je te recommanderai plutôt, car nous n’avons pas que seulement d’ennemis, de garder certaines relations sans crainte avec la famille du “grand Papa B”. Les ancêtres n’ayant pas encore décidé de notre sort, nous pouvons regarder l’avenir avec confiance sans toutefois oublier que le danger nous guette et qu’il est permanent. Je compte sur toi pour surmonter les événements avec calme et espère que tu écoutes les conseils de notre ami Dessaert. Réconforte mamie et la famille du premier cité. Je t’appellerai demain dans la soirée. Courage. Je t’embrasse
Papa
UviraOnline: Benjamin Babunga Watuna