[br] Il a un beau sourire. C’est un mari et un père modèle. Il aime blaguer, c’est « le président le plus cool de l’histoire des États-Unis » dit-on. Il est arrivé, en 2008, avec son célèbre slogan « Yes We Can» et il s’apprête à quitter la Maison-Blanche, en nous servant dans son dernier discours le « Yes We Did ». En analysant les réactions sur les réseaux sociaux à la suite de ce discours, et en écoutant les différents médias et leurs « experts-maisons », je ne puis m’empêcher de penser à cette mise en garde de Malcolm X quand il déclara : « Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment.» Un conseil toujours utile, surtout quand on analyse la couverture médiatique des grands événements qui ont marqué notre monde ces dernières années. Les Hugo Chavez et les Fidèle Castro de ce monde ont été diabolisés, présentés comme des « petits Satan » dans la presse mainstream, alors que Barack Obama est décrit comme « l’un des meilleurs présidents de notre siècle ». Mais que disent donc les faits à propos de notre président prix Nobel de la paix ?
En huit ans de règne à la Maison-Blanche, Barack Obama n’a pas fermé la prison de Guantanamo tel qu’il l’avait promis; il avait affirmé qu’il allait œuvrer à un monde dénucléarisé, en vain. Des cinq derniers présidents américains, il est en effet celui qui a le moins milité pour le désarmement nucléaire : 712 armes supprimées par Obama contre 5304 sous George Bush et 3182 sous Bill Clinton, pour ne citer que les deux là. Avec les immigrants, Obama était tellement « cool » et sympa que les membres de son propre parti (démocrate) l’ont surnommé « expulseur en chef », certains n’hésitant pas à l’accuser d’avoir expulsé plus d’immigrants qu’aucun autre président dans l’histoire des États-Unis. Plus de deux millions en cinq ans, un chiffre qui avait nécessité deux mandats – huit ans – à son prédécesseur, George Bush.
Avec Barack Obama, « un menteur invétéré » dixit le chercheur américain Stephen Lendman, il y a un décalage important entre le discours et la réalité. Un de ses passe-temps favoris, les drones. Il s’en sert comme un jeu vidéo pour donner la mort non seulement aux terroristes, mais aussi aux civils afghans et pakistanais qui n’ont rien demandé. « Huit fois plus de missiles tirés en un an de sa présidence que pendant tout le règne de George Bush » écrit Régis Le Sommier de Paris Match. Un tueur compulsif, dirait mon ami qui sait tout sur tout et tout sur rien. Quand il finit de jouer à son drone, Obama endosse son costume d’acteur. Il sort faire un tour à pied dans les rues de Washington, serrant les mains et prenant des photos avec les passants. Ça séduit le petit peuple qui pense que la politique, la vraie, se limite à ces quelques « gymnastiques ». Personne ne réalise alors à ce moment-là que le « président le plus cool » vient de décimer des dizaines d’enfants pakistanais.
Mais bon, continuons quand même à énumérer ses « bienfaits » : Obama est le premier président américain à autoriser l’assassinat de ses propres concitoyens. Même le très diabolique Dick Cheney n’y avait pas pensé. Il a également étendu, en secret, la surveillance d’Internet (c’est une façon polie de dire qu’il espionne tout le monde, y compris les Américains). Mais notre colombe aux ailes de faucon ne s’arrête pas en si bon chemin : il s’est aussi spécialisé dans les opérations subversives en tous genres. Si en huit années de règne son prédécesseur s’est tapé l’Afghanistan et l’Irak, Obama, lui, en quatre ans seulement, a commandité le coup d’État au Honduras (alors qu’il venait à peine d’arriver au pouvoir) contre le président Manuel Zelaya; il a déstabilisé la Tunisie, l’Égypte et la Libye, avec à la clé l’assassinat sordide de Mouammar Kadhafi. Il a poursuivi son œuvre de « bienfaisance » en Syrie, avant de favoriser la création du très sympathique État islamique (ou Daesh). Au Yémen, il a chargé les pétromonarchies moyen-âgeuses du golfe d’éliminer tout ce qui bouge, pas de distinction entre population et rebelles houthis.
Parmi ses autres « exploits », on compte une tentative de coup d’État manqué en Bolivie, des activités subversives en Équateur, au Venezuela, en Iran, voire même en Russie. Ah! J’oubliais le joli «coup d’État parlementaire» au Paraguay contre le président catholique, Fernando Lugo, qui, comme Zelaya, avait osé initier une reforme agraire qui a irrité l’oligarchie terrienne [liée aux USA] qui représente 2% de la population, mais contrôle près de 80% des terres du pays. On ne va pas non plus oublié l’utilisation des forces spéciales à outrance pour remplir les missions secrètes. Sous Obama, ces unités spéciales sont effet déployées dans 75 pays, contre 60 au début de son mandat. Selon un responsable du Pentagone, « le premier président juif des États-Unis » (selon le Wall Street Journal) a accepté « des choses que le gouvernement précédent n’autorisait pas ». On croise plus souvent des officiers des opérations spéciales à la Maison-Blanche que du temps de George Dabeliou Bush. C’est dire…
En Afrique, les États-Unis, sous Monsieur « Yes We Can », ont multiplié la présence de leurs forces spéciales et de leurs bases militaires, dont plusieurs sont secrètes. Comme Jésus Christ, AFRICOM est déjà parmi nous, tout en demeurant toujours officiellement à Stuttgart. Comment Obama a-t-il réussi où Bush s’est planté? Les amis de la nébuleuse AQMI (Al-Qaïda au Maghreb) et autres terroristes des temps modernes ont dû servir de prétexte parfait. Il y a aussi les amis de la secte nigériane Boko Haram (peu de gens s’intéressent à ceux-là, mais bon…) qui, dit-on, entretiendraient des liens avec AQMI et auraient prêté allégeance à Daesh. Le monde est vraiment petit.
Avec tout ce qui a été énuméré ici, Barack Obama, « un criminel de guerre récidiviste » affirme Stephen Lendman, est, étonnement, toujours aussi bien perçu par une grande partie de l’opinion publique mondiale. Pas étonnant. Avec les grands médias, les mythes prennent toujours le dessus sur la réalité.
Patrick Mbeko