RDC: Le nouveau gouverneur du Nord-Kivu s’exprime pour la première fois, mais son message soulève des questions préoccupantes

Le nouveau gouverneur du Nord-Kivu, nommé par Nanga, s’est exprimé publiquement pour la toute première fois. Cependant, il a choisi de s’adresser à la population dans une langue que seule une infime partie des habitants peut comprendre: Le Kinyarwanda. Ne parvenant pas à saisir le contenu de son discours, j’ai sollicité l’aide d’un ami pour obtenir une traduction en français, l’une des langues officielles du Congo, ou en swahili, la langue maternelle de la majorité de la population de l’Est de la RDC. Mon ami m’a informé qu’il avait lui-même dû faire appel à un contact au Rwanda pour décrypter le message. À ce moment, nous attendons toujours la traduction complète.

Cette situation m’a conduit à deux conclusions possibles : soit le gouverneur ne maîtrise ni le français ni le swahili, soit il souhaite faire passer un message clair – celui que le kinyarwanda est désormais la langue officielle du Nord-Kivu. Cette démarche ne fait que renforcer les craintes d’une annexion progressive de l’Est du Congo au Rwanda. Si Bukavu venait à tomber à son tour sans résistance de la part de Kinshasa, cela confirmerait les rumeurs qui circulent depuis un certain temps parmi les Kivutiens : Kinshasa nous aurait vendus. La dissolution des groupes Maï-Maï au profit des Wazalendo, une force supposément contrôlée par le gouvernement central, semble être une manœuvre pour faciliter la mainmise de Kagame sur la région.

Il est évident que le choix du kinyarwanda comme langue de communication ne s’adresse ni aux Kivutiens ni aux Congolais en général, mais bien à un autre public – celui qui tire les ficelles depuis Kigali. L’histoire semble se répéter : après la prise du pouvoir au Rwanda en 1994, le nouveau régime issu de l’Ouganda avait délaissé le français au profit de l’anglais, modifiant jusqu’aux panneaux de signalisation et à l’administration. Aujourd’hui, ceux qui prétendent venir libérer le Congo semblent suivre un scénario similaire.

Il est temps de prendre conscience de ces signaux alarmants et de se demander jusqu’où ira cette guerre. L’avenir du Nord-Kivu, et peut-être même de l’ensemble du Congo, en dépend.
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UviraOnline