Les personnes séronégatives très exposées au risque de contamination par le VIH pourront se voir prescrire des traitements préventifs contre le sida pris en charge à 100% dès le début 2016, une décision saluée par les experts et les associations.
“Je suis favorable à la publication d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada®, un médicament qui doit nous permettre d’avancer significativement dans la lutte contre le VIH”, a déclaré la ministre de la santé Marisol Touraine lundi à l’Assemblée, dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2016.
La publication de cette RTU – qui permet à titre transitoire d’utiliser un médicament en dehors des champs de prescription prévus – devrait se faire “probablement au cours de la première quinzaine de décembre” et le Truvada® sera pris en charge à 100% “au début de l’année 2016”, a-t-elle précisé.
Selon Mme Touraine, le médicament ne pourra être prescrit que par des médecins spécialisés ou dans des centres de dépistage, avec un accompagnement spécifique. “C’est une immense satisfaction pour nous de voir ce dossier aboutir. Cela signifie que très bientôt, nous allons pouvoir accompagner partout en France les personnes qui ont besoin d’un nouvel outil de prévention adapté à leur situation de vie”, s’est aussitôt réjouie l’association de lutte contre le sida Aides.
Le Truvuda® ne doit pas se substituer au préservatif
Dans son annonce faite à huit jours de la Journée mondiale du sida, Mme Touraine a souligné que le Truvada® “ne doit pas se substituer au préservatif”.”Mais il permet de répondre à des situations dans lesquelles le préservatif ne trouve pas sa place, ou de répondre à des personnes qui ne peuvent pas pour différentes raisons en avoir un usage systématique, alors que ces personnes évoluent au sein de groupes où la prévalence et l’incidence du VIH est élevée”, a-t-elle dit.
Elle a souligné qu’il y avait “urgence à agir” dans le groupe des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), “le seul groupe au sein duquel le nombre des nouvelles contaminations au VIH ne baisse pas”.
En France, où plus de 500 personnes découvrent chaque mois leur séropositivité au VIH, les associations anti-sida et gay réclamaient depuis des mois l’autorisation de ce traitement préventif onéreux (500 euros la boîte de 30 comprimés).
L’efficacité avérée d’un traitement préventif pour les personnes à risques
Selon des chiffres de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), les nouvelles découvertes de séropositivité sont en augmentation sensible chez les jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) qui ont 200 fois plus de risque de contracter le VIH qu’une personne de la population générale.
La décision française s’appuie sur une série d’études réalisées ces dernières années sur l’efficacité avérée de la Prophylaxie pré-exposition (PrEP). Mais alors que des essais américain et britannique ont validé un traitement donné en continu, l’essai français Ipergay dont les résultats ont été rendus publics au début de l’année, a montré qu’une prise à la demande, avant et après des rapports sexuels à risques, avait un taux d’efficacité de 86%, similaire à celui de l’étude britannique.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande pour sa part depuis 2014 que le traitement préventif soit proposé aux homosexuels très exposés. En septembre, la recommandation a été étendue à toutes les populations exposées à un risque “substantiel” (incluant les utilisateurs de drogues et les prostituées).