RDC: une chaîne d’approvisionnement d’or responsable et libre de conflit

La lutte contre les minerais de conflit se poursuit dans l’Est de la République démocratique du Congo. Une première chaîne d’approvisionnement d’or extrait par des creuseurs de manière artisanale vient de voir le jour dans la province de l’Ituri au bout de 18 mois d’expérimentation. Un projet pour une commercialisation du métal jaune responsable qui n’entretient pas des conflits.

Le projet dit « or juste » a démarré à Mambassa dans l’Ituri en 2015. Joanne Lebert, directrice générale de l’ONG Partenariat Afrique Canada. « C’était un projet pilote pour tester, voir si c’est possible de tracer l’or artisanal, du puits jusqu’à l’exportateur, ce qu’on appelle un comptoir agréé en RDC. On est arrivé à la fin du test après 18 mois, la traçabilité est opérationnelle. Donc il y a maintenant une chaîne d’approvisionnement avec des données fiables, légales et transparentes de la mine jusqu’à l’exportateur. Non seulement on trace l’or, mais on connaît aussi tous les acteurs de la chaîne, pour s’assurer qu’ils ne sont pas associés au financement des conflits ou aux violations des droits de la personne. »

Eviter l’exportation de l’or par les pays voisins 
 
Le prix de l’or pour les orpailleurs est toujours dicté par le marché international. Ce que l’ONG Partenariat Afrique Canada apporte aux mineurs artisanaux de l’Ituri, c’est une assistance technique pour augmenter la quantité de métal jaune extrait chaque jour. Le président de la Fédération des entreprises du Congo et patron de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, salue ce projet, qui participe à la lutte contre la fraude. « La difficulté de l’Etat c’est de percevoir les taxes, notamment sur les exportations des produits miniers comme l’or. Nos trois pays voisins (ndlr : Ouganda, Rwanda, Burundi) dans leurs balances de commerce extérieur exportent l’or. Mais c’est de l’or qui vient de la République démocratique du Congo en fraude ! Quand on met des taxes à l’exportation élevées, on pousse tout simplement les gens à frauder. »
 
Des creuseurs payés au prix juste
 
L’ONG Partenariat Afrique Canada a aussi veillé à ce que les orpailleurs de l’Ituri vendent leur or à un prix juste, explique Joanne Lebert. « Nous avons introduit une façon de déterminer le prix qui est beaucoup plus transparente. Avec les téléphones nous avons le prix de la bourse mondiale et les calculs sont très transparents par rapport au prix qu’ils auront avec la chaîne légale. On a remplacé les méthodes traditionnelles de peser l’or, qui étaient des petites balances, des allumettes, des pièces de monnaie de l’ère de Mobutu, il y avait des pièces couvertes de colle transparente. Donc c’est une façon de tricher utilisée par les négociants et autres. Donc, nous on a amené des balances électroniques aux puits et en plus, le projet paye en gramme international. Donc ils savent qu’il n’y a aucune tricherie, ils sont motivés à venir vendre vers la chaîne légale pour ces raisons-là. »
 
Sur les dizaines de milliers de creuseurs artisanaux estimés dans la province de l’Ituri, 605 ont déjà adhéré au projet de Partenariat Afrique Canada… Ils ont extrait environ 9 kg du métal jaune en 16 mois et vendu 96% de cet or par le circuit légal. 


RFI: Par Stanislas Ndayishimiye