RDC : GCP à Monsengwo « la politique divise, l’église unit ! »   

 

 [br] Enfin, une frange de Catholiques en faveur du régime Kabila. Le GCP (Groupe des Catholiques pour la Paix) contre-attaque la position du Comité Laïc de Coordination (CLC). Ce dernier a appelé à manifester le 31 décembre 2017  pour exiger le respect de l’accord de la Saint-sylvestre. Pas question. Le 10 janvier 2018, le GCP a adopté un ton ferme  dans une missive adressée au Cardinal Monsengwo Pasinya : « l’église doit démontrer sa neutralité face aux dissensions politiques du pays. »

Peu avant le 31 décembre, la plupart des partis de l’opposition ont rejoint les vagues de protestation. Le Cardinal Monsengwo est aussi entré dans la danse en apportant un appui moral au mouvement. Pour leur part, les signataires de cette lettre souhaiteraient voir l’église « prendre sa place au milieu du village et jouer à nouveau son rôle prophétique au sein du peuple », et, de trancher « la politique divise, l’église unit ! »

Dramatique dimanche 31 décembre 2017 : Retour sur le lieu

Samedi, 30 décembre. Le lendemain est sur toutes les lèvres. Les jeunes devisent en groupe. Les uns soutiennent les manifs. Les autres n’en veulent guère. Dans plusieurs villes, les policiers lourdement armés sont déployés dans des endroits stratégiques. A Kinshasa, André Kimbuta annonce un dimanche sans culte. Pourtant l’église maintient son programme cultuel. Les laïcs catholiques s’accrochent, eux aussi, à leurs manifs. A Bukavu, le Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques se désolidarise des organisateurs des manifs. Au Nord Kivu, l’évêque de Butembo-Beni adopte la même position. Ainsi, le 31 décembre sera vécu différemment selon les villes.

Le 31 décembre. Au petit matin, rien d’anormal. Les ouailles s’affairent pour célébrer le culte dominical. La plupart des paroisses n’organisent qu’une seule messe. A la paroisse Saint Dominique (Commune de Limete), les forces de l’ordre y embarquent vers 6h30. Ils érigent des barrières, fouillent les paroissiens et exigent les cartes d’électeurs avant d’entrer. A la fin de la messe, le Représentant du CLC enjoint aux fidèles de renoncer à la marche pour éviter un bain de sang. Murmure. Protestation. Refus. A l’extérieur, les fidèles essuient de coups de balles réelles. Le sang éclabousse les murs. Panique. Ils retournent le talon. Puis, une averse de gaz lacrymogènes les suffoque à l’intérieur.

Dans la commune de Matete, renseigne le commissaire supérieur  Mwanamputu, les vigiles abattent « deux bandits en train de piller une chambre froide. » Puis, les corps, révèle-t-il, seront acheminés à la paroisse Saint Alphonse. A Kamina (Haut-Lomani), à la sortie de la Paroisse Sainte Thérèse, quelques jeunes brandissent les insignes de l’UDPS. Onze parmi eux sont vite maitrisés par les forces.

S’agissant de la ville de Bukavu, toutes les entrées de la Cathédrale sont quadrillées par les forces de l’ordre. La marche est prévue à 12h30. La messe commence à 11h et prend fin à 14h. Les organisateurs des manifs remobilisent leurs troupes. Direction : Essence Major Vangu. A moins de 500 mètres, la police intervient. C’est le sauve-qui-peut. Talons aux crânes. Ils courent à toute allure. Et, les manifs n’ont jamais repris. A Uvira. Rien n’est fait. Après la messe, l’évêque demande aux paroissiens de retourner à la maison et de prier pour le pays. L’église ne faiblit pas. Jusqu’où ira-t-elle ?


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