Opinion : Du patriotisme au « ventripotisme » en RDC

Opinion : du patriotisme au « ventripotisme » en RDC

[br] Le patriotisme est l’amour du pays où l’on est né ou dont on est citoyen. L’an 2016 marque le déchaînement des passions. La MP comme l’opposition exigeaient bec et ongles : dialogue. Ordre du jour. La première pour préparer les élections apaisées, crédibles et transparentes ; et la seconde pour préparer le départ en douceur de Joseph Kabila, alors Président légitime dont le mandant a expiré le 19 décembre 2016.

Le 19 septembre, l’opposition appelle la population à descendre dans la rue. Consignes : tricots, cartons, tout en jaune. Des jeunes, des adolescents, par amour pour la patrie dont ils exigent le respect de la constitution, s’exécutent et bravent les balles réelles des gardes présidentielles. Le lendemain, le camp Etienne Tshisekedi, qui se cachait derrière sa tasse de thé en jaune, donne le bilan : « 100 héros » assassinés. A la MP, Evariste Boshab, dans son fauteuil à la vice-primature, relativise : « 34 manifestants-pillards » tués. L’élan de patriotisme part en fumée. La politique du ventre ou, dis-je, le « ventripotisme » s’installe.

Kabila jette un os : la bataille s’engage …

Le 18 octobre. Le dialogue/Kodjo est clos. Les participants exultent. Toutefois, le partage du gâteau n’est pas une douce sinécure. La primature est lorgnée par Vital Kamerhe (favori), Samy Badibanga, Azarias Ruberwa, Justin Bitakwira. D’autres personnalités politiques ministrables actualisent leurs CV précipitamment. Un mois après. Coup de tonnerre dans le paysage politique congolais. A la grande surprise de tous : Samy Badibanga est nommé Premier Ministre par un communiqué de Néhémie Mwilanya, Directeur de Cabinet à la présidence. Aussitôt nommé aussitôt traîné dans la boue. Olivier Kamitatu, ténor du Rassemblement, révèle que Samy est un sujet belge. Au même moment, des juristes crient à la violation de la constitution : le premier ministre doit être nommé par Ordonnance présidentielle (article 78). Dans un laps de temps, Samy réacquiert la nationalité congolaise et est nommé par Ordonnance du Président.

Face aux tergiversations du camp Tshisekedi, la CENCO qui a trouvé prétexte aux morts du 19 septembre pour boycotter le dialogue/Kodjo propose des pistes de solutions. Hum ! Le document est révélateur. Le gouvernement de transition sera dirigé par Marcel Utembi, archevêque de Kisangani et Président de la CENCO et les ministères seront dirigés par des prêtres. Quoi ? C’est la folie ? La CENCO se ressaisit et laisse la politique aux politiciens.

Le 19 décembre. Le dialogue/CENCO débute. Il réunit les participants aux assises de la Cité de l’UA, le Rassemblement, le Front pour le respect de la Constitution et la société civile. Dès le premier jour, Ave Bazaiba Masudi annonce la suspension de la participation du Front, plateforme qu’elle dirige, aux assises. Pour cause, les quotas de sa coalition sont ramenés de 5 à 2. Les perdiems tombent en baisse. Le 31 décembre, l’Accord Politique est conclu et partage le gâteau comme suit : Président de la République (Joseph Kabila), Premier Ministre (Rassemblement), Suivi de l’Accord (Tshisekedi du Rassemblement), l’Adjoint au Suivi (Eve Bazaiba du Front) et les Ministres seront répartis entre les différentes formations.

Du premier abord, Mme Bazaiba boycotte la signature de l’Accord. « Le Rassemblement ne peut pas rafler la primature et la présidence du Comité de Suivi», déclare-t-elle. Au Rassemblement, les torchons brulent également. Felix Tshisekedi, Olivier Kamitatu, à qui reviendra la primature ? Les Ministres du Gouvernement Samy se sentent menacés. Ce Premier Ministre a aussitôt rejeté les résolutions de l’Accord/CENCO. Il forme une nouvelle plateforme pour défendre ses intérêts.

Le départ de Kabila n’est plus une préoccupation. Les jeunes des mouvements citoyens Lucha et Filimbi, esseulés et trahis par leurs ainés de l’opposition, ont apparemment lâché du lest. Le navire se remet en marche avec le même Capitaine : Joseph Kabila.


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Yve Malipo Kabiona