Moïse Katumbi: “On fabrique trop facilement des preuves”

Moise Katumbi [br] A l’autre bout du fil, la voix est pausé. Moïse Katumbi, ex-gouverneur du Katanga et candidat à l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, est pourtant enfermé dans sa demeure de Lubumbashi depuis jeudi matin. Dehors, un va-et-vient permanent de véhicules de police et d’hommes à pied lui rappelle que le ministre congolais de la Justice a lancé une enquête contre lui pour recrutement de mercenaires.

« Je ne cesse de le répéter, je suis démocrate, je me bats pour le respect de la Constitution et donc la tenue des élections en novembre prochain. Pourquoi voudriez-vous que je recrute des mercenaires », nous explique-t-il.

Depuis ce vendredi soir, le ministre congolais des communications, en l’absence du ministre de la Justice, en visite privée à Bruxelles, a confirmé qu’un mandat de comparution avait été transmis à Moïse Katumbi. Ce samedi matin, les avocats de l’ex-gouverneur ont plaidé le fait que leur client avait appris ces informations via les médias. « Je me présenterai devant les juges lundi matin », continue Moïse Katumbi. « Je n’ai rien à me reprocher», et de continuer, quelque peu inquiet, «ce samedi, sept jeeps ont péméntré dans ma ferme de Futuka. C’est samedi, il n’y a pas beaucoup de personnel. Il y avait deux jeeps de militaires, des jeeps avec des gens du parquet et d’autres avec des membres de l’ANR (service de renseignement), ils ont tout perquisitionné sous les yeux des rares employés présents. De la porcherie aux garages en passant par tous les bâtiments et ils n’ont évidemment rien trouvé. Quand j’ai appris cette perquisition, j’ai demandé à mes avocats de se rendre sur les lieux. Ils ont été repoussés sans ménagement. »

Fabrication de preuves ?

« Les jeeps ont fini par quitter la propriété. Mais deux sont demeurées sur place, visiblement celles composées des hommes de la garde républicaine », poursuit Moïse Katumbi. « La dernière fois qu’ils ont été aperçus, ils entraient dans les champs de maïs, ce qui me fait craindre qu’ils soient occupés à fabriquer des preuves. Je n’ai aucun souci à me présenter devant la justice. Je sais que je n’ai rien à me reprocher. »

Mais celui qui est devenu l’ennemi numéro 1 de Joseph Kabila et de toute la majorité présidentielle, craint visiblement que ses ennemis fabriquent un dossier de toutes pièces contre lui.

«Je ne peux que répéter sans cesse qu’il faudrait être fou pour créer le chaos dans notre pays. Notre peuple a besoin de paix et de tranquillité. Je ne me bats pa comme je le fais aujourd’hui pour faire couler le sang. Je veux que mon pays puisse se diriger pacifiquement vers les prochaines échéances électorales ».

Sur le coup de 17h, les deux dernières jeeps quittaient à leur tou la ferme sans rien emmener.

Quand on l’interroge sur le profil de son garde du corps américain appréhendé le 24 avril lors d’une manifestation pacifique à Lubumbashi, Moïse Katumbi ne fuit pas. Il explique que cet homme est venu pour poser un diagnostique sur ce qui était nécessaire pour assurer sa sécurité et celle de ses proches. Et il rappelle au passage quelques-uns des événements récents qui l’ont fait recourir à ce service : de l’étrange accident de voiture dont il a été victime en plein coeur de Lubumbashi quand un autobus a délibérément embouti sa jeep à la menace de kidnapping qui a pesé sur ses enfants sur le chemin de l’école en passant par le fait que le pouvoir de Kinshasa a décidé de lui retirer sa garde personnelle alors que tous les anciens gouverneurs en bénéficient toujours…


Source: La Libre.be