Grands Dossiers/Mutarule: Massacre du 15 août 2013 à Mutarule

Massacre du 15 août 2013 à Mutarule

Huit personnes furent froidement assassinées, les maisons incendiées, les femmes et les enfants grièvement blessés. Mais, aucun porté disparu contrairement à ce que les médias distillaient à l’opinion. Le film des événements.

Jeudi 15 août 2013. Aucun signe avant-coureur annonçant un massacre à Mutarule II dit Katekama de Bafuliiru. Vers 21 heures, les balles crépitent au nord-est du village, partie jouxtant Mutarule I de Barundi. C’est la panique et le sauve-qui-peut ! Le lendemain, a appris notre source, ces balles ont fait deux blessés : la femme de Masumbuko dit Batracien et celle de Bedé.


Assassinats, incendies, extorsion, etc.

Après ce coup de feu, il y eut une trêve de dix minutes. « Puis, les rafales se mirent à cracher de petits boulets rouges dans tous les sens. », décrit notre source. Selon les témoins oculaires, les tireurs étaient très nombreux, vêtus de mentaux noirs et lourdement armés.

Les assaillants voient deux jeunes à distance. Ils se mirent à leur trousse et se retrouvent dans la parcelle de Kambene. « Nah » ! Les proies échappent. Ils s’en prennent à la porte qui ne résiste pas à un coup de pierre. Kambene sort précipitamment. Il implore qu’on l’épargne, donne de l’argent et un coq. Insensibles, ils le logent deux balles dans son crâne. Les enfants, épargnés, pleurent à chaudes larmes et les assassins s’en vont.

Dans la concession voisine, ils forcent la porte. Le père de famille M. Busu, dont la femme est morte depuis longtemps, est fusillé sur place. Ses enfants ne sont pas touchés. Les bourreaux poursuivent leur route.

Sur l’avenue Nakijangwa, ils foncent dans la parcelle de Kyubwa. Il n’est pas là. Ce berger est à l’étable. Sa femme, un enfant au dos, grimpe sur la fenêtre, se retrouve dehors et échappe belle. « Ils l’ont tiré dessus, mais l’arme n’a pas craché », s’étonne notre source. Ses deux enfants furent alors brochetés à coup de baïonnette. A côté, M. Byamungu et sa femme sont directement tués.

A quelques mètres, les bourreaux investissent la parcelle de Nakashuta. Lui, sa femme et sa troisième fille se sauvent subrepticement. Les malfrats tuent un enfant à bout portant et incendient la maison. Arrivée sous le manguier de Shabaganya Jiji (blessé dans le massacre du 6 juin 2014), la troisième fille de Nakashuta se consterne. L’enfant qu’elle a cru sauver est mort. Il a reçu une balle au dos. Elle dépose le cadavre au sol et s’enfuit à toute allure.

Les criminels poursuivent leur élan. Ivres du sang, ils tirent sur tout : chèvre, poule, herbes, etc. Aussitôt, les Maï-Maï répondent. Les assaillants n’ont plus le monopole de la main sur la gâchette. Ils prirent la poudre d’escampette et se la coulèrent douce ailleurs.

Colère, manifestation, enterrement, etc.

A 00 heure. Plus de balles. Les téléphones fusent de partout. Cris, pleures, gémissements, agitations, les gens sont inconsolables. Certaines familles fuient vers les villages environnants. Les jeunes, aux environs de 5heures, glanent les corps qu’ils exposent dans la route.

Un commando de la police vint s’interposer. Les jeunes montent au créneau. Ceux d’ailleurs viennent les aider. Les uns boivent de la bouillie, les autres sont aspergés de l’eau. Ils portent de bande rouge sur le front, agitent des arbres et machettes. La police retourne le talon.

Les cadavres sont restés là toute la journée. Aucune autorité ne vint sur place. Les véhicules (agence de voyage) durent rebrousser chemin. Les jeunes ont dormi à la belle étoile pour veiller sur « leurs corps »

Le lendemain, samedi 17 août, aux environs de 11heures, une délégation provinciale arrive. Après moult discours lénifiants, les huit victimes sont inhumées dans les cercueils apprêtés par la société civile d’Uvira.


UviraOnline
Publié par William Muyuku à partir du Canada